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PERIFERIA


Bernard Plossu et Alain Bergala PERIFERIA Échos du néo-réalisme 2015 112 pages 12 x 17 cm 14.00


Qu’est-ce qui a changé à la fin de la guerre, dans le cinéma italien ? Les cinéastes ont abandonné le centre monumental et structuré des villes pour aller filmer des espaces nouveaux, sans qualités, les lisières, les confins, les borgate, les zones grises de la ville où les formes se désordonnent, où tout s’éparpille, fuit. Dans ces zones grises, où débordent les déchets de la ville, les hommes hagards de l’après-guerre sont en déshérence, en attente sans but, le plus souvent seuls, ou alors par petits groupes éparpillés. […]



[…] De cet homme du cinéma néo-réaliste, Rossellini disait : « il est tout petit, au-dessous de quelque chose qui le dépasse », et Antonioni parlait de sa difficulté à retrouver sa place, son territoire, dans le monde défait de l’après-guerre où il avait perdu ses repères. Dans ces espaces décomposés, abandonnés à un lent et discret retour au chaos, les cinéastes vont dégager de nouvelles formes, fragiles, où les hommes tentent de trouver une modeste petite place pour y vivre quand même. Quand Bernard Plossu se balade dans cette Italie du sud – où il se sent bien, où il ne cesse de revenir – la guerre est finie depuis soixante ans, mais sont inscrits dans sa mémoire affective du cinéma des souvenirs d’ambiance, de cadres, d’espaces déconnectés qui lui viennent de ce cinéma italien, celui de l’après-guerre jusqu’à Pasolini. L’imaginaire de Plossu est imprégné de ces images qui l’ont constitué en homme de sensations et d’images, elles sont son bâton de sourcier, elles le guident infailliblement vers telle configuration d’espace énigmatique et brouillé où il n’y aurait rien à voir pour un autre photographe. Ses photos inscrivent le présent de ces lieux, de ces espaces d’aujourd’hui, mais aussi la rémanence d’images venues de loin, des films néo-réalistes qu’il a pu voir il y a longtemps. De ces espaces sans qualités qui se dérobent à la forme, je ne dirais pas que Plossu les cherche – ce n’est pas le genre d’images que l’on trouve en les cherchant – mais plutôt qu’ils lui font signe et qu’il ne peut pas se dérober à la douce rémanence qui les hante. A.B.


Bernard Plossu est né en 1945 au Vietnam. Il commence à photographier à l’âge de 13 ans au Sahara. À 20 ans, il est au Mexique ; il ne cessera dès lors de voyager et d’enrichir une œuvre photographique célébrée en 1988 par une exposition au Centre Pompidou et le Grand Prix national de photographie, et en 2007 par une rétrospective au musée d'Art moderne de Strasbourg. Aux Éditions Yellow Now, il a publié : Train de Lumière (2000) ; So Long (2007) ; La Frontera (2007) ; Plossu Cinéma (2010) ; ... Des millions d’années... La réserve géologique de Haute-Provence (2010) ; l’Inverse est exactement vrai. À Digne (avec Nathalie Quintane, 2010) ; Le Pays des petites routes. En Ardèche (2011) ; The Raw Edge. Vière et les Moyennes Montagnes (avec Richard Nonas, 2012), 8 / Super 8 (2012). Alain Bergala. Critique de cinéma, essayiste, scénariste et réalisateur français. Collaborateur des Cahiers du cinéma. Il enseigne à l'Université Paris 3 et à la FEMIS. En 2000, il est le conseiller cinéma de Jack Lang avec lequel il travaille dans la perspective de l'introduction des arts dans les enseignements fondamentaux. Publications : Roberto Rossellini. Le cinéma révéléJean-Luc Godard par Jean-Luc Godard (dir.) – L’Hypothèse cinéma. Petit traité de transmission du cinéma à l’école et ailleursLe cinéma, comment ça vaGodard au travail aux Cahiers du cinéma. Voyage en Italie de Roberto Rossellini – Une encyclopédie du nu au cinéma (dir.) – Monika d’Ingmar Bergman chez Yellow Now. Commissaire d’exposition : Correspondances. Kiarostami Erice (Centre Pompidou 2007), Brune/Blonde (Cinémathèque française 2010), Pasolini Roma (Cinemathèque française 2013).


Collection Les carnets La collection Les carnets se propose de revisiter les archives d’un photographe ou d’un collectionneur et d’en extraire des séries thématiques (des faits, des objets, des situations, des évocations...) et transversales (diverses époques, divers lieux, diverses techniques...) ; chaque volume est introduit par un texte du photographe ou fait appel à un écrivain pour dialoguer avec les images.

Déjà parus #1 Bernard Plossu –Jean-Louis Fabiani / Les Mots de l’image. #2 Bernard Plossu – Pierre Devin / 2CV. Un air de liberté. #3 Olivier Le Brun / Football. Bal ballon ballet.

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