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BÉLA TARR


Corinne Maury et Sylvie Rollet (dir.) BÉLA TARR De la colère au tourment 2016 176 pages 17 x 24 cm 25.00


Béla Tarr déclarait en 1987 : « Je déteste les histoires, puisque les histoires font croire qu’il s’est passé quelque chose. Or il ne se passe rien : on fuit une situation pour une autre. De nos jours, il n’y a que des situations, toutes les histoires sont dépassées. Il ne reste que le temps. La seule chose qui soit réelle, c’est probablement le temps. » […]


[…] Ces propos, qui sont programmatiques de l’œuvre du cinéaste, éclairent ce qui l’a amené – à l’orée des années 1980 – à abandonner l’approche sociocritique qui fondait ses premiers films dont les histoires humaines étaient tissées des espoirs déçus du communisme. Avec la « trilogie démoniaque » (Damnation, Sátántangó, Les Harmonies Werckmeister), Béla Tarr entame une collaboration avec le romancier László Krasznahorkai. Il ne cessera, dès lors, de filmer les laissés pour compte qui parcourent les plaines boueuses de la Hongrie postcommuniste et s’égarent dans des bars vétustes, manipulés par de petits escrocs. Il élit un formalisme cinématographique strict et singulier : pellicule noir et blanc, travellings latéraux, longs plans au Steadicam accompagnant ceux qui errent, filoutent, épient ou, simplement, attendent. Enfermés dans des situations de désintégration de plus en plus radicales, hommes et animaux ont surtout pour lien la pluie, le vent et la boue qui rythment le quotidien. De la colère et de la révolte des premiers films aux œuvres récentes empreintes de désillusion, cet ouvrage propose de questionner l’œuvre d’un cinéaste majeur et pourtant trop méconnu. Une œuvre où se manifeste, dans un formalisme radical à la beauté noire, le déclin inflexible des existences et le passage implacable du temps.

Sommaire Tout lieu a un visage. Entretien avec Béla Tarr

1. Les lieux du monde. András Bálint Kovács. Un outsider au centre / Corinne Maury. De l’habitat d’État à l’errance damnée / Estelle Bayon. Un désastre écologique / Jean-Marie Samocki. Que devient la nuit quand le jour s’effondre ?

2. Le cinéma et son double. Damien Marguet. Sátántangó ou les ellipses de la traduction / Térésa Faucon. Du geste quotidien à l'extra-quotidien : où commence la danse ? / Peter Szendy. Animal filmicum.

3. Le temps en partage. Karl Sierek. Durée et contingence. Une révision du plan-séquence / Sylvie Rollet. L’étoffe rythmique du monde : une théorie à l’œuvre / Jacques Rancière. Poétique et politique de la fiction / Guillaume Sibertin-Blanc. De la mélancolie à la résistance : communautés et désœuvrement.

Corinne Maury est maître de conférences en histoire et esthétique du cinéma à l'université de Toulouse II – Le Mirail. Elle a enseigné pendant plusieurs années l’esthétique du cinéma au Quai – École supérieure d'art de Mulhouse. Elle a notamment publié Les Antichambres (avec la photographe Anne Immelé, Filigranes, 2009), Habiter le monde. Éloge du poétique dans le cinéma du réel et L'Attrait de la pluie (Yellow Now, 2011 et 2014).

Sylvie Rollet est agrégée de lettres et professeure en études cinématographiques à l’université de Poitiers. Auteure de Une éthique du regard : le cinéma face à la Catastrophe, d’Alain Resnais à Rithy Panh (Hermann, 2011), « Voyage à Cythère » : la poétique de la mémoire d'Angelopoulos (L'Harmattan, 2003) et Enseigner la littérature avec le cinéma (Nathan, 1996), elle a également dirigé trois ouvrages collectifs : Paysages et Mémoire : cinéma, photographie, dispositifs (Presses Sorbonne Nouvelle, 2014), Théâtres de la mémoire, mouvement des images (Presses Sorbonne Nouvelle, 2010) et Angelopoulos au fil du temps (Presses Sorbonne Nouvelle, 2007).

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