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MICHEL BUTOR MOBILE


Pierre Coulibeuf MICHEL BUTOR MOBILE Essai de reconstitution d’une visite chez l’écrivain Michel Butor. 2006 80 pages 17 x 24 cm Ill. coul. 20.00


Continuité dialoguée. Textes de Jean-Luc Nancy et Bruno Di Marino. Transposition, réécriture, recomposition, reconstruction, remontage – passage d’une écriture littéraire à une écriture filmique puis, nouvelle transformation, passage d’une écriture filmique à une écriture littéraire, par transposition, réécriture et remontage. […]


[…] Une parole « cadrée », comme on cadre une image de film, une parole construite à partir de thématiques qui rythment et structurent le texte : la frontière, le Nouveau Roman, Mobile, la collaboration avec les artistes... ; des fragments de textes écrits par Michel Butor, ici recomposés ; l’ensemble constituant une continuité dialoguée (voix in et voix off) pour deux personnages : un écrivain et une étrange « visiteuse »... Comme une longue bande pelliculaire où images et dialogues ne cessent de s’entrecouper. Simulacre /// Pierre Coulibeuf Le film (le livre) : « d’après » Michel Butor. Le modèle musical. Polyphonie. Lentos et scherzos. Reprises, variations, alternances de voix (de textes) – comme des lignes temporelles coexistantes, des lignes d’univers qui se croisent, se mêlent, se contredisent : réunies séparées.

Le film (le livre) comme réalité mentale, avec ses coupures visuelles et sonores (textuelles), ses bifurcations, ses tours et ses détours, ses suspens.

Le spectateur (le lecteur) est invité à entrer dans le jeu proposé par le film (le livre), à inventer son propre cheminement, à faire résonner entre eux les différents fragments narratifs qui composent l’œuvre.

Le film (le livre) se prête à l’activité combinatoire. Il organise un champ de possibilités. Ce champ est ouvert par la fiction, précisément par l’écart que celle-ci creuse dans la réalité Butor. La « visiteuse », qui dialogue à distance avec l’écrivain, est l’agent (double) du détour fictionnel. La fragmentation est devenue la loi du récit. Le libre jeu des relations qui en résultent est partie prenante de l’œuvre.

Du dédoublement opéré par la fiction, il s’ensuit que les images et les sons (les images et les textes) cessent d’être assujettis à une réalité première, à un original ou modèle qu’ils devraient reconnaître et faire reconnaître. Ces composantes du film (du livre) sont ordonnées en séries permutantes, sans commencement ni fin, et soumises à la seule règle de la répétition.

C’est le propre du simulacre : le film (le livre), de contrefaire ainsi son « modèle », de faire exister ensemble le Même et l’Autre, et de créer entre eux un lieu de tension et de différence que le spectateur (le lecteur) va pouvoir activer.

Le film (le livre) propose au regard un monde ouvert, multidirectionnel, constitué d’un ensemble d’éléments visuels et sonores (visuels et textuels) discontinus, avec lesquels le spectateur (le lecteur) peut inventer « sa » réalité Butor ; ces éléments sont orientés de façon à suggérer au spectateur (au lecteur) de nombreux jeux associatifs.

Dans ce dispositif « sériel » qu’est le film (le livre), plusieurs « histoires » se déroulent simultanément. Le film (le livre) forme une structure circulaire et décentrée qui échappe à la représentation.

Simulation et dissimulation. « Michel Butor », c’est l’Homme-Simulacre par excellence : celui qui se simule lui-même, celui qui joue de la ressemblance, celui qui se répète et, se répétant, s’écarte insensiblement du Même. Vertige de l’espacement.

Répétition et modification : dans le film (le livre), du film au livre – et retour. Perpetuum mobile

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