top of page

PLOSSU CINÉMA




Bernard Plossu PLOSSU CINÉMA 2010 192 pages 17 x 23 cm

ISBN 9782873402525 29.00


Publié avec le Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur (Marseille) et la galerie de la Non-Maison (Aix-en-Provence).

Avec des textes de Nuria Aidelman, Alain Bergala, Gildas Lepetit-Castel, Pascal Neveux, Dominique Païni et un entretien avec Michèle Cohen.


Bernard Plossu n’appartient à aucune école et à aucune mode. Il développe depuis de nombreuses années une œuvre singulière au carrefour de la photographie et du cinéma, qui échappe à toute classification. Une attitude photographique sensible à la fois picturale et cinématographique que le noir et blanc transcende. Etudiant, l’artiste séchait ses cours pour s'immerger dans l'incroyable programmation de la Cinémathèque française. […]



Extrait Pascal Neveux : BERNARD PLOSSU / « HORIZON CINÉMA» Lorsque, le 23 janvier 1962, Jules et Jim, adapté du roman de Henri-Pierre Roché, apparaît pour la première fois sur les écrans du Studio Publicis et du Vendôme à Paris, c’est un succès immédiat qui ne cessera alors de se renouveler sans jamais se démentir. Les réactions furent multiples, émouvantes : Jean Renoir, Jean Cocteau, un nombre de lettres considérables adressées à Jeanne Moreau, à François Truffaut, et une vieille dame, la véritable héroïne de Jules et Jim, qui lui écrivit : « Mais quelle disposition en vous, quelle affinité a pu vous éclairer au point de rendre sensible l’essentiel de nos émotions intimes ? »

Cette question qui touche ici à un horizon cinématographique à la fois proche et lointain projette devant nous l’horizon photographique, poétique et sensible de Bernard Plossu. Tenter d’appréhender son œuvre dans ses multiples arborescences procède d’une même aventure émotionnelle et humaniste qui échappe à toute tentative de classification.

Photographe atypique, inclassable, Bernard Plossu trace depuis le début des années 60 son parcours en solitaire, en marge du reportage, de la photographie plasticienne et des modes. « On ne prend pas une photographie, on la “voit”, puis on la partage avec les autres. Je pratique la photographie pour être de plain-pied avec le monde et ce qui se passe. En apparence mes images sont poétiques et pas engagées. Mais pratiquer la poésie n’est-ce pas aussi résister à la bêtise ? La poésie est une forme de lutte souterraine qui contribue à changer les choses, à améliorer la condition humaine, la culture et l’environnement. »

Comme tout voyageur, Bernard Plossu change souvent d’horizon. Qu’il marche sur les chemins escarpés des Alpes de Haute-Provence, qu’il traverse des déserts, vagabonde en Franche-Comté, traverse Marseille en autobus ou qu’il vaque tout simplement à ses activités quotidiennes et familiales dans sa maison des environs de Marseille, il se tient avec humilité à l’écoute des mouvements de sa propre vie. Bernard Plossu a cette qualité rare de voir avec rigueur et simplicité.

Les images lui apparaissent avec exigence, toujours dotées de la même empathie et de cette justesse de savoir capter un moment précis du spectacle du monde. Pour ce cinéaste de l’instant donné, photographe du mouvement, la photographie est le moyen d’arrimer la pensée à une connaissance personnelle et physique du monde.

Ses photographies ne cessent de bouleverser l’équilibre des prises de vues traditionnelles. Est-ce parce qu’il fut nourri par les films de la Nouvelle Vague qu’il privilégie déjà dans ses premières photographies la simplicité, le sensoriel et l’intime plutôt que la sophistication, le maniérisme ou la technique ? Que photographier lorsque le sujet n’existe que parce qu’un photographe le contemple ? Quel miroir déformant représentent pour nous une situation, un lieu, un moment ?

Rencontres fortuites, stratégies furtives et rapides des sentiments… Bernard Plossu nous montre à quel point on saisit le monde à travers le corps et le corps à travers le monde. C’est que le voyage et l’espace sont essentiels à son projet intellectuel et photographique. Les outils et les objets de la mobilité – ces moyens de locomotion à grande vitesse que sont l’avion, le train, l’automobile – mettent le voyageur dans des conditions de mouvement dénué d’effort physique. Le voyageur ne se meut plus, il est mû. […]














bottom of page